Shadoks

Un souvenir du Soixantenaire Maraudeur

2006 avril sentier littoral

Une journée dans le Golfe de Saint Tropez,
Navigation, pique-nique, baignade...
...Et la recette du pain bagnat !

 

 

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« Craignez de faire comme moi, qui me suis amarrée à ce port, que de loin j'avais vu suspendu, étiré sur la mer. Pour l'avoir aperçu aérien, lilas à la nuit tombante, puis d'acier pur au clair de lune, j'ai voulu savoir quel fard l'aurore mettrait sur les façades plates de ses maisons anciennes, quel attrait retenait sous les auvents de toile, tant d'hôtes nonchalants. Puis, ayant goûté le sel de ses golfes, j 'ai voulu connaître la saveur de ses raisins... Que de pièges !

 

J'ai appris que là-bas le sommeil en plein air rafraîchit les songes, parle de navires et d'îles sans danger. »

 

Texte de Colette qui vécut une quinzaine d'années dans sa maison "La treille Muscate" sur la baie des Canebiers.

Par ce préambule nous voulons tourner le dos à cette presse écrite ou télévisuelle qui met « Saint Trop' » à la une chaque été. Les non initiés, les fêtards, les touristes de passage emploient seuls ce vocable qu'aucune bouche tropézienne ne sait prononcer. Depuis deux ans, Java a sa place dans le port. L'appontement est rattaché au quai Jean Jaurès, celui sur lequel donne la terrasse du fameux Sénéquier. Mais en réalité, il est plutôt en face du quai Frédéric Mistral, près des pêcheurs, des pointus et des tartanes, en face de la Crêperie Bretonne, du Bar Irlandais et de la Brasserie de la Jetée (enfin un Provençal !)

18_et_le_voila_propre1Cath. me dépose à l'entrée de l'appontement et va garer la voiture sur le parking, de l'autre côté du port. Cela laisse le temps de préparer le bateau. Ouvrir la cabine, ôter et ranger le tau qui protège la grand voile, enlever la chaîne anti-vol ( ?) du moteur, vérifier le niveau d'essence et compléter si nécessaire, sortir le safran de la cabine et le mettre en place, Essai démarrage moteur : ça tourne, Ok.

 

Cath., revenue, monte à bord. et range les provisions de bouche. Il est autour de 10 heures. Nous partons en mer pour 6 à 7 heures. Ici, en Provence, pas de laisser aller de ce côté là : Il y aura le Pastis, avec quelques olives ou rondelles de saucisson, un melon à point, un Pan Bagna (on donnera la recette en annexe), probablement des pêches ou du fromage, ou les deux. Côté boisson, les bouteilles en plastique d'eau minérale, remplies aux ¾ et ayant passé la nuit au congélateur vont tenir le rosé au frais le temps nécessaire. Et grâce à elles, nous aurons notre eau glacée pour le Pastis et de quoi boire frais toute la journée quand la soif se fera sentir.

 

Cath. passe à l'avant. Elle est chargée de larguer l'amarre qui nous relie à la chaîne mère. Je m'occupe de larguer celles qui nous relient au ponton et de mettre en route le Suzuki 2,2CV.

Suite de l'article

C'est parti pour 10 minutes de moteur. Le temps nécessaire pour sortir du port (nous sommes tout au fond) contourner le phare qui en marque l'entrée, revenir, en mer cette fois, parallèlement au môle. La brise de mer qui soufflait d'Est force 3 ce matin est entrain de mollir sérieusement. A peine force 1. Face à ce maigre souffle, la grand voile est hissée et vite réglée. Moteur coupé et relevé. Le foc est aussitôt établi. Plutôt que de remonter au plus près de e maigre vent, on choisit l'allure bon plein qui nous fait mettre le cap sur Sainte Maxime, de l'autre côté du Golfe. Un bord de 3 à 4 miles nautiques qui seront parcourus en 1 heure et demie. En été, un tel bord n'est pas de tout repos. Il nous « fait traverser l'autoroute » ! Du fond du Golfe, des Marines de Cogolin, de Port Cogolin, de Port Grimaud, une armée de « motoreux » fonce plein gaz pour sortir du Golfe en direction des plages de Pampelonne. Sept kilomètres de sable fin, de restaurants, de matelas, de parasols, de musiques boum boum, de crèmes solaires et de corps quasi nus (le string : quel pourcentage de surface ?) Les endroits où nous ne mettons jamais l'étrave. Sauf tout au bout, avant la Pointe de Bonne Terrasse, à une encablure de la plage du Migon, là où une toute petite crique permet de mouiller à l'abri des vents d'Est et des touristes. Mais ce ne sera pas pour aujourd'hui. Pas assez de vent pour virer la tourelle de La Rabiou, éviter l'îlot de la Croisette entouré d'écueils à fleure d'eau, passer entre l'île de la Tête de Can et la plage des Salins, contourner le cap de Saint Tropez,, le cap du Pinet et longer (à bonne distance) les 7 km de plages de Pampelonne. Ils doivent passer un permis, tous ces « motoreux » qui vont s'y aglutiner. Mais la courtoisie n'est pas leur souci. Non. Le leur, c'est l'épate ! Faire semblant de ne pas nous voire, et au dernier moment nous éviter... par l'avant, bien sûr. Histoire de bien se montrer. Vroum, Vroum. Et ils font des bonds, ils font des bonds. On leur laisse ce plaisir. Mais, franchie « l'autoroute », c'est la tranquillité, le calme, la sérénité entre mer et soleil.

le  golfe vu de la potence a

11 heures ½. Nous avons dépassé Sainte Maxime et sommes arrivés à la hauteur de la Pointe des Sardinaux. qui, avec la tourelle de La Rabiou vers l'autre rive, marque l'entrée du Golfe. Virement de bord et cap sur le Cap Saint Pierre et la Baie des Canebiers. C'est là qu'est située La Madrague chère à Brigitte Bardot. Il nous est arrivé de pique-niquer amarrés au mur de protection qu'elle a fait construire autrefois. Maintenant, elle ne vit plus là et c'est un coin calme. Des « secs » comme on dit ici (hauts fonds laissant souvent moins de 20 cm d'eau) entourent le littoral de la baie et en rendent l'abord difficile. De rares chenaux permettent néanmoins de s'y aventurer avec prudence. 13 heures. Parvenus au fond de la baie, nous amarrons Java à notre corps mort, à 20 m d'une plagette où s'ébattent de jeunes enfants accompagnés le plus souvent par leurs mamies attentives. Un petit bain, un repas, une petite sieste bercés par le léger clapot. Un grand bain cette fois, avec masque et tuba. L'eau est à 25°C. Les girelles colorées, les perches qui semblent veiller debout, les sars, les marbrés, les dorades qui ne se laissent pas approcher, les rougets barbets trop occupés à fouiller le sable pour se soucier d'une présence humaine au dessus d'eux, les saupes en bandes qui broutent les herbiers de posidonies, les poulpes tapis dans leurs trous. Que de vie sous l'eau.. On va se sécher quelques coups sur le sable, échanger quelques mots avec les habitués. On retourne à l'eau.

 
 

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16 heures 30 ; Le vent a un peu forci en virant au Sud-Est. Il tempère la température. 32°C affichés dans la cabine. Nos seuls instruments montre pour l'heure et thermomètre et téléphone portable avec en mémoire les numéros du Crossmed Toulon, et des service de sauvetage de proximité.. Nous larguons. 4 ou 5 petits bords de moins de 10 m chacun pour sortir de là et gagner le chenal naturel qui nous mènera en pleine eau. On peut abaisser complètement la dérive maintenant. ¾ d'heure suffiront en vent arrière et en grand largue pour nous retrouver face à l'entrée du port. La grand voile est amenée, le foc enroulé. Moteur : nous rentrons nous amarrer à notre place. Ce n'était pas très sportif aujourd'hui. Petite sortie. Mais bien agréable quand on est en retraite. Demain sera un autre jour. Si le vent est bon, peut-être nous permettra-t-il d'atteindre le Cap Camarat surmonté de son phare (seconde plus longue portée des phares des côtes françaises), de le doubler en passant entre les rochers des Portes et d'atteindre ce merveilleux Cap Taillat.

 
 

cap taillat

Pan Bagna : la recette

Publié le mardi 17 mai 2005

par François Burolla